Les déserts sont aussi en France !


Le « s » présent à la fin du thème de cette 33e édition du Festival International de Géographie le suggère : les déserts sont multiples. Ils peuvent même être français, comme l’ont indiqué le maître de conférences Yoan Miot et les géographes Monique Poulot-Moreau et Max Rousseau lors d’une table ronde ce dimanche au cinéma Empire.

C’est une des multiples ambitions du Festival dans sa version 2022 : prouver que les déserts ne sont pas uniquement des étendues sablonneuses à l’étranger. En France, même s’il a évidemment une définition différente, le terme peut aussi être employé sans problème. En évoquant notamment la « Diagonale du vide », bande fictive allant de la Meuse aux Landes, où les densités de population sont relativement faibles par rapport aux autres endroits français.

Mais cantonner le désert national à cette « écharpe » française est réducteur. Il suffit de prendre un autre axe, celui reliant Cherbourg au Jura pour se rendre compte qu’existe également une décroissance urbaine. Sur les 66 % d’aires urbaines composant cet axe, près des deux tiers sont des zones en décroissance.

« On a une vision tronquée du désert des services », explique Yoan Miot. Un discours qui succède à celui tenu par Max Rousseau « Depuis une quarantaine d’années, les flux sont inversés. » Un constat visible pour les déserts médicaux, c’est-à-dire des endroits dépourvus de médecins dans les zones fortement urbanisées. Selon une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 6 % des Français vivent dans un désert médical, parmi lesquels 17 % vivent dans une aire urbaine comme Paris, par exemple.

Une des explications à ce déclin urbain peut être le repeuplement des espaces ruraux dans les couronnes périurbaines dès 1975. « Ce phénomène, il faut l’élargir aux communes les plus petites », explique Monique Poulot-Moreau. « Le déclin est un processus multidimensionnel, c’est une spirale dans laquelle va rentrer un espace » complète Max Rousseau.

Un phénomène ignoré par certains territoires. « En France, le déclin a été considéré comme dérisoire car on est dans une tradition d’État fort », explique Monique Poulot-Moreau. À l’inverse, d’autres communes tentent d’inverser la tendance en reconnaissant le fait. A tel point que pour certains d’entre eux, l’épisode des Trente Glorieuses est considéré comme un « accident de l’histoire ».

désert français 02 10 2022