Direction scientifique 2023


Chaque édition du Festival est menée par un directeur scientifique qui définit et met en œuvre la programmation scientifique et en garantit son sérieux. Il est choisi stratégiquement pour sa connaissance, son travail de recherche et son approche du thème. Pour cette année axée autour des « urgences », c'est Florian Opillard, géographe et chercheur à l'IRSEM qui prend la tête de la programmation scientifique. 

julien brachet

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Le Dr Florian Opillard est géographe, chercheur à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire) au sein du domaine « Défense et société » et chercheur associé au Centre de Recherches et de Documentations sur les Amériques.

Agrégé de géographie et docteur de l’Ecole des Hautes-Etudes en Sciences Sociales (2018), il a été doctorant invité à l’Université de Berkeley (Etats-Unis). Ses recherches de thèse interrogeaient la dimension spatiale des conflits urbains et l’économie politique de la production urbaine contemporaine, ainsi que les processus de politisation du quotidien. Dans le cadre de ses recherches doctorales, il a réalisé une enquête comparative de plusieurs mois aux Etats-Unis (San Francisco) et au Chili (Valparaiso) auprès d’organisations prenant part aux luttes contre les processus de gentrification.

Depuis 2019, ses recherches s’attachent à étudier les transformations institutionnelles et opérationnelles des armées dans leur gestion des crises sur le territoire national. Il était à ce titre coordinateur scientifique entre 2020 et 2022 du projet ANR "ARMY" qui analysait les mobilisations militaires dans la crise sanitaire de la crise de la COVID-19 en Europe et aux États-Unis.

Il étudie par ailleurs les effets du changement climatique sur les armées, et notamment l’adaptation des dispositifs de gestion des crises climatiques, qui ont déjà été mis à l'épreuve par des multiples catastrophes ayant touché le territoire national. Ses recherches permettent d’observer les coopérations civilo-militaires en jeu dans l’organisation de la réponse à l’évènement météorologique violent et l’ajustement des représentations des crises dites « hors cadre » pour officiers français.

 

L'équipe d'appui à la programmation scientifique

etienne walker


Étienne Walker est géographe, maître de conférences rattaché au laboratoire Espaces et Sociétés à Caen. Sa recherche doctorale a porté sur les conflits d’appropriation dans la ville post-fordiste à partir du cas des sorties récréatives nocturnes de fin de semaine à Caen et Rennes, depuis l’activité et la normalisation commerçante jusqu’au gouvernement municipal et étatique, en passant par les mobilisations individuelles et collectives des habitants exposés notamment au bruit de la fête.

Après s’être attaché à saisir qui étaient les Gilets jaunes mobilisés notamment en Normandie fin 2018, il s’intéresse actuellement à la dimension spatiale de ce mouvement social dans le cadre d’un projet ANR, l’espace constituant un de ses cadres, enjeux et moyens. Au travers de méthodes géostatistiques notamment, il analyse d’une part et à l’échelle métropolitaine la géographie des lieux appropriés par les participants et celle de leurs lieux de vie, pour saisir ce qu’elles doivent à la division sociale de l’espace et dans quelle mesure elles attestent d’une nouvelle séquence protestataire. De l’autre et grâce à des entretiens biographiques, il contribue à l’analyse localisée du politique en rapportant les trajectoires d’engagement de quelques Gilets jaunes ornais aux configurations dans lesquelles elles se déploient, opérant à différentes échelles mais aussi dans plusieurs champs.

virginie duvat


Virginie Duvat est professeure de Géographie Côtière à La Rochelle Université et chercheure à l’UMR LIENSs (CNRS-La Rochelle Université). Elle a contribué aux chapitres « Petites îles » des 5ème (2014) et 6ème (2022) rapports d’évaluation du GIEC et à son rapport spécial sur l’océan et la cryosphère (2019). Ses recherches portent sur les risques et l’adaptation au changement climatique en milieu côtier dans les petites îles tropicales. À partir de travaux interdisciplinaires sur les deux grands risques que sont l’érosion côtière et la submersion marine, elle aborde différentes facettes du risque climatique : l’évolution des systèmes côtiers et des îles basses, les trajectoires d’exposition et de vulnérabilité de long terme des territoires, les chaînes d’impacts des événements extrêmes, les trajectoires de réponse et d’adaptation. Ses projets de recherche actuels se concentrent plus particulièrement sur les événements combinés, dont la fréquence et l’occurrence augmentent et qui déclenchent des crises systémiques durables dans petites îles, et les solutions et trajectoires d’adaptation. Sur ce sujet, elle s’emploie à évaluer le potentiel de l’adaptation fondée sur les écosystèmes et de la relocalisation. Cette dernière solution interroge l’urgence climatique en considérant un risque majeur, celui que certaines îles et zones basses côtières deviennent définitivement inhabitables au cours de ce siècle. Elle coordonne actuellement plusieurs projets de recherche, dont le PPR Océan et Climat FUTURISKS (2022-2028, 17 partenaires), qui porte sur Les risques côtiers passés à futurs dans les territoires d’Outre-Mer insulaires tropicaux français : des impacts aux solutions. Elle est membre du Conseil Scientifique du Conservatoire du Littoral et membre du conseil consultatif international de la revue WIREs Climate Change et membre du comité éditorial de la revue Coastal Futures.

lise desvallees


Lise Desvallées est géographe, rattachée au laboratoire TREE (Transitions énergétiques et environnementales) à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, où elle est titulaire d'une chaire junior E2S/UPPA. Agrégée de Géographie et docteure de l'École des Ponts et de l'Université Gustave Eiffel (2019), ses recherches portent sur les trajectoires de transition vers des sociétés décarbonées, en prenant pour focale leur prise en compte des inégalités sociales. Sa thèse interrogeait les dimensions spatiales de la précarité énergétique en Espagne et au Portugal, ainsi que la construction d'un nouveau problème public autour de l'accès à l'énergie domestique. Depuis 2020, dans le cadre de la Chaire Junior Dynamiques des Vulnérabilités Énergétiques (DYEV), ses travaux portent sur les vulnérabilités énergétiques des ménages français, en abordant de front les dépenses énergétiques liées au logement et à la mobilité. En effet, l’interdépendance de ces deux domaines s’affirme comme une nouvelle avenue de recherche en France et dans la littérature internationale, qui montrent que les vulnérabilités liées aux transports et aux logements sont cumulatives et doivent être traitées de front, à la fois par la science et par les dispositifs d’action publique. Elle étudie par ailleurs les trajectoires de politisation des comportements de consommation d'énergie domestique aux échelles nationale et locale, et notamment la place des concepts d'efficacité et de sobriété énergétique dans les politiques publiques, dans la sphère médiatique, et dans les choix et les contraintes de consommation des ménages.

michel lussault


Michel Lussault est géographe, professeur à l’Université de Lyon (Ecole Normale Supérieure de Lyon), membre du laboratoire de recherche Environnement, villes, sociétés (UMR 5600 CNRS/Université de Lyon) et du Labex IMU (Laboratoire d’excellence Intelligence des mondes urbains) de l’Université de Lyon. Dans son travail, il analyse les modalités de l’habitation humaine des espaces terrestres, à toutes les échelles et en se fondant sur l’idée que l’urbain mondialisé anthropocène constitue le nouvel habitat de référence pour chacun et pour tous. Afin de pouvoir amplifier de telles recherches qui exigent une véritable interdisciplinarité, il a crée en 2017 l’Ecole urbaine de l’université de Lyon, qu’il dirige désormais. L’objectif visé par l’École Urbaine (qui est un institut de convergences reconnu et financé par le secrétariat général aux investissements d’avenir) ne se limite pas au seul champ scientifique et pédagogique, puisqu’il s’agit aussi d’accompagner les mutations sociales, écologiques et économiques que connaissent déjà et connaîtront de plus en plus les sociétés et les territoires à l'échelle planétaire. Expert reconnu du champ des études urbaines et urbanistiques, il est l’auteur depuis 1990 de plus de 110 articles scientifiques et de nombreux ouvrages. Il est également très impliqué dans des activités de mise en débat public des savoirs et de médiation scientifique.

Crédit photo Lussault : G.Garitan, CC BY-SA 4.0

cecile falies


Cécile Faliès est agrégée et maître de conférences en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne rattachée à l’UMR PRODIG. Dans son master en 2005 elle s’est intéressée aux changements d’usages des sols entre Santiago du Chili et Valparaíso causés par la mise en place de l’agriculture d’exportation (avocats, vin, agrumes). Dans sa thèse soutenue en 2013 elle a analysé les rapports mutuels de production entre les espaces ouverts et la double métropole. Devant les fortes pressions urbaines que connaît la région centrale du Chili depuis les années 1970, et dans un contexte néolibéral de faible bien que cruciale régulation politique du marché, la permanence de nombreux espaces peu bâtis et aux usages faiblement intensifs à une vingtaine de kilomètres seulement des centres des deux principales agglomérations de ce pays émergent pouvait en effet paraître paradoxale. C’est que le processus de métropolisation a besoin des ressources en terre, en eau, en végétation que concentrent les espaces ouverts pour s’alimenter et à l’inverse les espaces ouverts ont besoin de la métropole pour exister à travers ses infrastructures, ses acteurs, ses lois. Dans une démarche de géographie sociale et politique et en se fondant sur un travail de terrain approfondi elle a montré à quel point les espaces agricoles et naturels sont stratégiques. A ces périphéries métropolitaines, les enjeux de pouvoir se marquent tout autant en termes d’accès à une alimentation de bonne qualité pour les urbains que de préservation d’espaces boisés marqués par de grands incendies (Valparaíso 2014, Concepción 2017 et 2023). Depuis l’estallido social de 2019, elle co-dirige COINCIDE un programme de recherche interdisciplinaire (géographie, droit, sociologie) afin d’analyser comment ces enjeux environnementaux et territoriaux sont intégrés au processus constituant en cours au Chili.

emma andrieux


Emma Andrieux est géographe, doctorante rattachée au laboratoire Prodig et à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Dans sa thèse, sous la direction de Pierre Gautreau et Cécile Faliès, elle interroge le nouveau phénomène des « mégafeux » depuis le Chili, à travers une approche de géographie critique et politique. Elle cherche à comprendre les évolutions du territoire qui ont conduit à l’apparition de ces incendies incontrôlables et dévastateurs (sécheresse, monocultures sylvicoles, étalement urbain informel, etc.), ainsi que la façon dont les différents acteurs chiliens se saisissent de cette nouvelle réalité. Elle a aussi participé au programme de recherche COINCIDE, coordonné par Cécile Faliès et Xavier Phillippe, visant à analyser la place des thématiques environnementales et territoriales au sein du processus de rédaction de la nouvelle constitution chilienne de 2022.