Des déserts en métamorphose constante


Recouvrant une partie de la surface terrestre depuis des millénaires, les déserts sont soumis à des modifications. Sur ce sujet, une conférence a réuni les géographes Ninon Blond et Maël Crepy ainsi que le maître de conférence Aurélien Christol à l’IUT de Saint-Dié-des-Vosges ce samedi.

Ce n’est un secret pour personne : au fil des siècles, les paysages sont amenés à se métamorphoser. Dès lors, il est bien difficile d’imaginer que les déserts sablonneux, ou non, qui s’étalent sur des centaines de kilomètres ne soient pas aussi impactés par ces modifications constantes. C’est par exemple le cas pour le Sahara, dont la dimension a évolué au cours du temps. Mais aussi pour le Sechura, désert bordant l’océan Pacifique, au sud de la région de Piura au Pérou.

Pour le désert principalement situé en Afrique, le constat est aussi bien visible en Egypte ou dans le sud tunisien. Ce qui peut très bien s’expliquer par les différences de climat dans le temps avec, avant tout chose, une aridité oppressante pouvant parfois contraindre les populations à déménager et donc délaisser des terres au profit de la nature. Mais pas seulement. Dans le sud tunisien, la modification du paysage peut aussi s’expliquer par l’apparition de dépôts de loess (roche sédimentaire) par le vent. Une modification qui, par ailleurs, a permis la présence d’une population et également d’observer une période humide.

Dans le sud péruvien, la métamorphose est en partie explicable par le phénomène El Niño, caractérisant des températures anormalement élevées de l’eau. « Il y a une fluctuation du climat entre périodes humides et arides », précise Aurélien Christol qui s’est spécialisé sur le sujet.

Un phénomène qui, analogiquement, peut permettre de donner des couleurs vertes au désert, mais aussi de faire apparaître des lacs temporaires. Ce côté se retrouve aussi dans les oasis du Sahara égyptien même si les périodes de verdissement se veulent moins durables. « Chaque phase est suivie par une désertification en raison du manque d’eau», précise le géographe Maël Crepy. Ce qui signifie, de façon sous-entendue, que la nature reprend ses droits dès que l’être humain se retire. Un phénomène visible dans le Sahara tunisien avec les jessour, aménagements en terre et en pierre sèche dans le sud tunisien qui limitent un écoulement trop rapide des eaux de pluie.

Des aménagements qui peuvent favoriser la présence de population à une seule condition : la présence d’eau. Si quelques procédés de captage peuvent exister, la durabilité du système pose question. Une preuve de plus que les déserts sont soumis aux mêmes problèmes que le reste des paysages...

déserts dhier et daujourdhui regards croisés sur les paysages Pérou Egypte Tunisie 01 10 2022