Prix Vautrin-Lud : les migrants au cœur de la crise covid
Le prix international de géographie Vautrin-Lud est la plus haute récompense internationale décernée en géographie. Brenda Yeoh, originaire de Singapour, était ce dimanche dans le Temple de Saint-Dié-des-Vosges afin d’expliquer l’objet de ses recherches qui lui ont valu cette distinction. Elle s’est excusée de devoir réaliser sa conférence en anglais. Son manque de connaissance en français se serait ressenti dans les termes techniques.
“Covid-19 creates difficulties for transnational migrants”. Le sujet de la migration est traité avec celui des impacts de la pandémie de coronavirus sur les frontières. Trois millions de personnes n’ont pas pu se déplacer dans le monde du fait des confinements et restrictions. Brenda Yeoh estime que ces chiffres sont sous-estimés et que la réalité est bien plus dure. L’instauration de nouveaux régimes aux frontières est facteur de précarité et d’incertitude pour les migrants. Ils sont désormais obligés de se faire tester au Covid bien que les vaccins offrent de nouveaux espoirs dans la mobilité mondiale.
La précarité et l’insécurité des migrants temporaires, de passage, est un sujet qui tient à cœur à Brenda Yeoh. A Singapour, ils ne disposent pas de sécurité sociale et ne sont pas intégrés dans d’autres aspects de la société. Les femmes doivent prouver d’un test de grossesse négatif pour travailler et ne peuvent se marier à un citoyen. Les migrants souffrent d’une politique d’exclusion de la part de la cité-Etat alors même qu’ils représentent un tiers de la population. Ils sont retranchés dans d’immenses dortoirs éloignés de la ville. Les travailleurs sont contraints à rester dans ces locaux, excepté lorsqu’ils se rendent au travail. L’exclusion par rapport aux citoyens augmente. Leurs conditions de vie dans ces espaces sont inhumaines. Nombreux, certains dorment sur le sol car les lits superposés sont trop bancals.
Pourtant, les migrants sont importants pour l’économie singapourienne. La fermeture des frontières a provoqué une baisse de la main d’œuvre dans le bâtiment engendrant de forts retards. D’après Brenda Yeoh, Singapour y risque sa réputation. Elle devrait donc accorder des contrats longs aux migrants pour qu’ils aient le temps d’acquérir des compétences. Ces personnes correctement formées seraient un bénéfice pour les entreprises qui verraient leur productivité augmenter.
La crise du covid a mis en lumière les problèmes de société auxquels nous sommes confrontés. Serons-nous capables d’y apporter une réponse ou ferons-nous le choix d’un retour vers la société pré-covid ?