Il y a-t-il urgence dans le système de santé français ?


Souvent sous le feu des projecteurs, le système sanitaire français fait l’objet de nombreuses discussions. Dimanche, le sujet a été au centre de la table ronde animée par Clélia Gasquet-Blanchard et rassemblant la médecin Alice Desbiolles et les géographes Fanny Di Tursi et Emmanuel Vigneron.

 

Une de journaux, reportages, émissions télévisées, livres : ces derniers temps, le système de santé ne manque pas de médiatisation. Souvent pour de mauvaises raisons puisqu’à ce système est associé le terme « urgence ». Un mot « très utilisé et [qui] finit vidé de son sens » pour reprendre les termes de Fanny Di Tursi. L’origine latine, elle définit le terme comme une pression, comme l’a expliqué la médecin Alice Desbiolles. « L’urgence traduit une dynamique et une volonté d’agir », complète l’autrice de Réparer la médecine. Emmanuel Vigneron, lui, estime qu’il n’y a pas de définition à donner : « S’il y a urgence, c’est qu’il y a encombrement ».

Cet encombrement, c’est l’une des conséquences des urgences. Fanny Di Tursi parle de « catastrophes multivictimes » alors que Alice Desbiolles y accole la notion de « grande vulnérabilité ».

S’est ensuite posée la question de la réponse à donner. « Pour y répondre, les notions de rapidité, efficacité et de réactivité sont essentielles », appuie la médecin. Ce qui, toujours selon elle, peut être compliqué puisque le nombre de lits diminue et le nombre d’entrées augmente malgré un investissement important de la part de l’État en matière de santé (49,6 milliards d'euros). « Ce sont des achats provisoires », dit-elle en parlant des masques, par exemple.

Emmanuel Vigneron, dans sa position de géographe éclairé sur le sujet, a insisté sur l’importance du territoire pour solutionner le problème même si la notion apparaît comme dépassée. « L’idée d’intervention dans un territoire de vie et non d’administration est une vieille idée », se désole-t-il. « Cela montre que le système de santé ne peut plus continuer ainsi ». Son principal coupable ? Le capitalisme qui « s’est rendu compte qu’il pouvait faire de l’argent avec la santé. [...]C’est Picsou qui nage dans sa piscine remplie de billet », ironise-t-il.

Quant au fait de savoir si le sujet du système de santé français fera encore l’objet de discussions, le nombre de questions posées en fin de séance a apporté une réponse positive.

 

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