Clôture : le thème 2023 à l'étude


« Urgences », thème 2023

Comment la géographie peut-être aborder la thématique des « Urgences », et d’abord qu’est-ce que l’urgence ?

Pour répondre à cette question, qui sera étudiée en long en large et en travers les 29, 30 septembre et 1er octobre 2023, Thibaut Sardier a laissé la parole au tout nouveau directeur scientifique, Florian Opillard (lire par ailleurs). « L’idée de cette thématique, c’est d’analyser les manières par lesquelles l’urgence refait surface dans nos vies. On pense évidemment à la guerre en Ukraine qui, depuis le 24 février 2022, a violemment fait réapparaître le spectre de la guerre en Europe. On pense aussi, évidemment, à l’urgence écologique et climatique et cet été nous a largement rappelé cette urgence, du fait de la canicule, de la sécheresse ou des catastrophes naturelles qui se sont multipliées. Tous ces événements ont pour conséquence de rendre omniprésente une sorte d’état d’urgence permanent, soit qu’il faille se protéger contre un ou des agresseurs, soit qu’il faille se défaire de manières de vivre pour ne pas mettre en péril les générations futures ».

 

Mais qu’est-ce que la géographie a à dire sur l’urgence ?

« Dans l’urgence on est individuellement soumis et soumises à des contraintes et des tensions telles qu’on en perd bien souvent la capacité de faire sens de ce qui arrive. On comprend alors l’importance qu’il peut y avoir à s’intéresser à ces moments d’urgence, souvent ponctuels, qui impliquent des reconfigurations de notre rapport individuel au temps et, bien entendu, à l’espace. » Florian Opillard pense ici aux confinements COVID, à la reconfiguration forcée des mobilités ou l’impossibilité de se toucher entre proches.

« Mais l’urgence n’est bien entendu pas qu’individuelle, elle est aussi, et je dirais pour ma part principalement, un fait politique. On pense là immédiatement à des termes juridiques qui ont récemment utilisé le terme pour exercer de la contrainte (dispositif d’état d’urgence), ou aux liens qui peuvent être faits avec la succession vertigineuse des catastrophes naturelles ces dernières années, et la mobilisation quasi permanente du monde de la gestion de crise ou de monde de l’urgence climatique, pompiers, sécurité civile, armée, ONG notamment. Il s’agira donc d’interroger comment l’urgence transforme les manières de gouverner : en amont de l’urgence, par la création de politiques d’anticipation et de prospective ; en aval, par la réponse étatique en temps de crise, visant à réinsérer du lien dans les systèmes territoriaux. Elle se manifeste enfin par la difficulté à planifier et à se projeter sur du long terme.

 

Les quatre axes de réflexion

1. A quelle vitesse nos territoires, nos infrastructures, nos réseaux sont-ils capables de s’adapter à l’urgence ?
2. Comment l’urgence produit-elle des territoires nouveaux, souvent labiles et flexibles, voire même parfois fluides, et quelle est leur pérennité ?
3. Comment certains territoires sont-ils, plus que d’autres, concernés par des formes d’urgence, qu’elle soit sociale, écologique, guerrière ou sanitaire ?
4. Quelles sont les spatialités des acteurs de la gestion de l’urgence (militaires, humanitaires, personnels du soin, naturalistes par exemple) ?

 

Qui est Florian Opillard ?

Le Dr Florian Opillard est géographe, chercheur à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire) au sein du domaine « Défense et société » et chercheur associé au Centre de Recherches et de Documentations sur les Amériques.

Agrégé de géographie et docteur de l’Ecole des Hautes-Etudes en Sciences Sociales (2018), il a été doctorant invité à l’Université de Berkeley (Etats-Unis). Ses recherches de thèse interrogeaient la dimension spatiale des conflits urbains et l’économie politique de la production urbaine contemporaine, ainsi que les processus de politisation du quotidien. Dans le cadre de ses recherches doctorales, il a réalisé une enquête comparative de plusieurs mois aux Etats-Unis (San Francisco) et au Chili (Valparaiso) auprès d’organisations prenant part aux luttes contre les processus de gentrification.

Depuis 2019, ses recherches s’attachent à étudier les transformations institutionnelles et opérationnelles des armées dans leur gestion des crises sur le territoire national. Il était à ce titre coordinateur scientifique entre 2020 et 2022 du projet ANR "ARMY" qui analysait les mobilisations militaires dans la crise sanitaire de la crise de la COVID-19 en Europe et aux États-Unis.

Il étudie par ailleurs les effets du changement climatique sur les armées, et notamment l’adaptation des dispositifs de gestion des crises climatiques, qui ont déjà été mis à l'épreuve par des multiples catastrophes ayant touché le territoire national. Ses recherches permettent d’observer les coopérations civilo-militaires en jeu dans l’organisation de la réponse à l’évènement météorologique violent et l’ajustement des représentations des crises dites « hors cadre » pour officiers français.

 

clôture le thème 2023 à létude 02 10 2022