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De Jakarta à Los Angeles, comment se déplacer ?



Marion Tillous, directrice scientifique du FIG 2021, animait au temple une conférence sur le corps dans les transports. Pour ce faire, elle a invité à sa table Rémi Desmoulières, géographe spécialisé dans les transports de Jakarta, Charlotte Ruggeri, son pendant californien et Stéphanie Dommange, directrice régionale Grand Est de la SNCF pour débattre d'enjeux qui se croisent malgré des terrains très différents d'un bout à l'autre du monde.

 

Comme l'explique Stéphanie Dommange dans son propos liminaire, "il est important de réfléchir et de parler un peu de ce qu'on vit quand on se déplace tous les jours." En effet, d'un endroit à l'autre, les usages diffèrent complètement. Si la voiture se révèle inutilisable à Jakarta, Charlotte Ruggeri a pu parler de la culture du drive-in outre-Atlantique. "À Los Angeles, on peut même retirer de l'argent sans quitter sa voiture."

De la même façon, Stéphanie Dommange peut se targuer du développement du ferroviaire français qui va même jusqu'à réfléchir à abolir les classes dans ses lignes de trains (la première ligne à l'avoir fait étant la ligne Strasbourg-Bâle). A Los Angeles, les trains et métros sont complètement désertés et les Angelinos luttent même contre leur extension, comme l'explique la chercheuse. "La mairie de Los Angeles a voulu profiter des jeux Olympiques 2028 pour changer le métro. Mais des habitants du quartier Beverly Hills font tout pour bloquer cela, en prétextant la peur des risques sismiques et de la crainte d'un métro sous des écoles."

En revanche, un point qui semble transversal à tous les pays : les inégalités. Inégalités entre les sexes à Jakarta, où des femmes préfèrent prendre des moto-taxis dédiées plutôt que les transports en commun, ou de race aux Etats-Unis où les autoroutes ont bien plus épargné les quartiers blancs aisés que les quartiers des minorités. Même en France, la question de l'accessibilité des personnes à mobilité réduite est sur la table à la SNCF qui parle de schémas à plusieurs millions d'euros.

Mais plus que le bus, le train ou la voiture, Stéphanie Dommange attire notre attention sur le plus important : les pieds. "Nous aurions tous intérêt à regarder nos pieds comme des modes de transport. Il faut qu'on puisse en prendre soin, c'est le premier mode de transport au monde."