Gilles fumey

La faim en ses territoires



Le vaste problème de la faim dans le monde évoqué à l’INSIC par Gilles Fumey, géographe, professeur Sorbonne Université, a retenu l’attention d’un amphithéâtre comble. La faillite de l’actuel monde alimentaire construit sur la base d’un marché mondialisé a démontré, si besoin en était, l’inégalité d’accès aux nourritures.

Gilles Fumey met l’accent sur un paradoxe que des chiffres démontrent. Il est considéré que pour vivre normalement, l’humain doit consommer l’équivalent de 200 kg céréales par an. Or, il est produit sur la planète quelque 130 kg de plus que les besoins. « Nous produisons trop sans savoir redistribuer. L’exemple des Brésiliens qui ont faim parce que les exportations sont bien trop importantes est frappant. Une grande partie de ces 130 kg est gaspillée. Elle sert parfois à nourrir les animaux ou encore fait office de carburants...»

Les ravages sur les sols, la destruction de la biodiversité par la monoculture et les fermes usines sont montrés du doigt comme les fléaux à combattre. Pour la première fois, des produits alimentaires ne viennent pas de la terre, mais à 85 % de l’industrie. À condition de retrouver des fermes familiales et des pêcheurs artisanaux. « Une pomme sur deux mangée dans le monde vient de Chine ! »

L’urgence est absolue lorsque l’on sait que, dans le monde, 890 millions de personnes sont exposées à la faim et qu’un certain nombre d’entre elles finissent par en mourir. D’un autre côté, un milliard d’individus est exposé à un décès précoce parce qu’il mange trop ! La question alimentaire est encore soulevée. Souvent à l’heure du repas de ceux dont la table déborde de victuailles, des informations télévisées montrent la misère et la détresse de gens affamés. De nouveaux territoires sont impactés par la faim. L’enfermement des populations pendant la crise sanitaire de la COVID a augmenté la précarité, y compris dans des pays riches et dans des sphères sociales jusque-là épargnées. Des travailleurs, des jeunes gens, des étudiants, des personnes âgées... sont soutenus par des réseaux de solidarité. Il y a danger !