Cécile Faliès

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Cécile Faliès est agrégée et maître de conférences en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne rattachée à l’UMR PRODIG. Dans son master en 2005 elle s’est intéressée aux changements d’usages des sols entre Santiago du Chili et Valparaíso causés par la mise en place de l’agriculture d’exportation (avocats, vin, agrumes). Dans sa thèse soutenue en 2013 elle a analysé les rapports mutuels de production entre les espaces ouverts et la double métropole. Devant les fortes pressions urbaines que connaît la région centrale du Chili depuis les années 1970, et dans un contexte néolibéral de faible bien que cruciale régulation politique du marché, la permanence de nombreux espaces peu bâtis et aux usages faiblement intensifs à une vingtaine de kilomètres seulement des centres des deux principales agglomérations de ce pays émergent pouvait en effet paraître paradoxale. C’est que le processus de métropolisation a besoin des ressources en terre, en eau, en végétation que concentrent les espaces ouverts pour s’alimenter et à l’inverse les espaces ouverts ont besoin de la métropole pour exister à travers ses infrastructures, ses acteurs, ses lois. Dans une démarche de géographie sociale et politique et en se fondant sur un travail de terrain approfondi elle a montré à quel point les espaces agricoles et naturels sont stratégiques. A ces périphéries métropolitaines, les enjeux de pouvoir se marquent tout autant en termes d’accès à une alimentation de bonne qualité pour les urbains que de préservation d’espaces boisés marqués par de grands incendies (Valparaíso 2014, Concepción 2017 et 2023). Depuis l’estallido social de 2019, elle co-dirige COINCIDE un programme de recherche interdisciplinaire (géographie, droit, sociologie) afin d’analyser comment ces enjeux environnementaux et territoriaux sont intégrés au processus constituant en cours au Chili.

 

 

l amerique latine

L'Amérique latine. Documentation photographique n°8152
de Cécile Faliès et Pierre Gautreau
CNRS Éditions
2023

Habituée de la Documentation Photographique, l’Amérique latine s’y invite à nouveau en 2023, onze ans après le numéro de Marie-France Prévôt-Schapira et Sébastien Velut qui interrogeait le thème de l’émergence. Écrit dans les mois précédant les élections brésiliennes de 2022, dans une période troublée pour la démocratie du géant régional, la tonalité de ce numéro est sciemment moins optimiste que celle des précédents. Ce dossier insiste sur la persistance de difficultés structurelles faisant obstacle à l’avènement de sociétés moins inégalitaires et de régimes démocratiques stables. Il rappelle la profondeur temporelle des injustices et des crises environnementales du Rio Grande au Cap Horn. Ceci ne nous interdit cependant pas d’évoquer la vitalité des sociétés latino-américaines dans leurs différents territoires, les multiples formes des réactions populaires ou institutionnelles à ces contraintes, et les innovations politiques de toutes natures ayant émergé au cours des dix dernières années. Ce dossier propose donc des synthèses thématiques sur de grands sujets régionaux (l’énergie, l’alimentation, les migrations…), tout en se concentrant à plusieurs reprises sur des territoires spécifiques (le Brésil, le Mexique, le Chili…). Il cherche à rendre compte des dynamiques de groupes particulièrement actifs dans l’espace public (autochtones, mouvements féministes…). En songeant aux enseignants qui lisent la Documentation Photographique et à leurs élèves, nous avons tenté de donner une large place à l’image de l’Amérique latine dans le monde, afin d’alimenter une réflexion sur le rapport des Français à ce continent à la fois mythifié et réduit, souvent, à quelques images d’Épinal. Ce numéro rappelle à plusieurs reprises que la France est un des États de l’Amérique latine, avec notamment une double page sur la Guyane. L’ambiguïté de cet héritage colonial, les dangers d’une vision exotisante de la France outremer, impliquent quelque précaution de la part de toutes celles et tous ceux qui voudront enseigner l’Amérique latine en classe. Nous avons enfin pris un soin particulier à évoquer le paysage sonore, si important dans le façonnement des identités latino-américaines. À travers les langues, portugais, castillan, ou langues autochtones telles que le guaraní, le quechua ou le nahuatl. À travers la musique également, de la pop ou la latin music grand public, connues dans le monde entier, à des chansons traditionnelles devenues des hymnes populaires d’un bout à l’autre du continent. Multiple et profondément inégalitaire, l’Amérique latine vacille sur le chemin de l’émergence, mais demeure un lieu fécond de luttes et d’innovations politiques et sociales.