Anne Lafont

anne lafont rd 

Anne Lafont est historienne de l'art et directrice d’études à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. Elle s'intéresse à l'art, aux images et à la culture matérielle de l’Atlantique noir à l'époque moderne ainsi qu'aux questions historiographiques liées à la notion d'art africain. Elle a publié sur l'art et la connaissance en contexte impérial (« 1740, un abrégé du monde », 2012, dir.), sur les questions de genre dans le discours sur l'art aux 18e et 19e siècles (« Plumes et pinceaux. Discours de femmes sur l’art en Europe », dir., 2 volumes, 2012), et son livre le plus récent s'intitule « L’art et la race. L'Africain (tout) contre l'œil des Lumières », pour lequel elle a reçu le prix Fetkann Maryse Condé 2019 et le prix Vitale et Arnold Blokh 2020.

Anne Lafont est membre des comités de rédaction des revues Critique et Esprit et elle a fait partie du comité scientifique de l'exposition du musée d'Orsay « Le modèle noir de Géricault à Matisse » (2019). Pour l’année universitaire 2021-2022, elle a occupé le poste de Robert Sterling Clark Visiting Professor of Art History au Williams College et au Clark Art Institute aux États-Unis.

Crédit photo : Charlotte Krebs

 

Bibliographie sélective 

FAUVELLE et LAFONT

« L’Afrique et le monde : histoires renouées »
Sous la direction de François-Xavier Fauvelle et Anne Lafont
aux éditions La Découverte

 

Grâce à une approche novatrice, cet ouvrage ambitieux marque une étape décisive dans la connaissance et la compréhension des relations que le continent africain entretient avec le reste du monde, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours.

Une histoire mondiale de l’Afrique, une histoire africaine du monde. Parce qu’il se risque à ces deux projets contraires, ce livre n’est ni l’un ni l’autre. Il ose une histoire des échanges entre l’Afrique et le monde depuis la dispersion des humains modernes jusqu’à nos jours. On y observe des migrations qui ont laissé des traces dans les langues et les religions, les plantes cultivées, les objets et les récits, en Afrique et dans le monde ; la participation d’États africains à la connexion entre Méditerranée et océan Indien ; des écheveaux de routes commerciales et de pèlerinages chrétiens et musulmans qui traversent l’EurAsi-Afrique. Bien sûr, les trafics odieux (les traites esclavagistes) et les impérialismes (les colonisations) ont tenu une place importante dans l’histoire des Africains dans le monde et des projections du monde en Afrique. Mais c’est bien davantage qui s’opère alors : la centralité de l’expérience noire dans la formation du monde atlantique, la constitution d’une diaspora afrodescendante qui participe authentiquement à la fabrique des goûts esthétiques et qui produit ses propres images et imaginaires de l’Afrique.

L’Afrique et le monde : c’est de l’un à l’autre, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, dans le pluriel des Afriques et des mondes, dans des temporalités multiples et des géographies changeantes, que s’écrit cette histoire. Elle consiste en somme à écouter la conversation millénaire qu’ont entretenue des sociétés d’Afrique et des sociétés d’ailleurs. Une conversation qui n’exclut pas la brutalité, la domination, la révolte, le silence, le rejet, mais qui toujours a permis d’emprunter, adopter, adapter, transformer, transfigurer. Qui ne s’est jamais réduite à un monologue de l’Afrique avec elle-même, ni à un monologue des autres sans l’Afrique. Histoires renouées veut dire cela : écrire comment les sociétés africaines ont agi dans et sur le monde. C’est donc une histoire polyphonique, créatrice, mais qui a aussi le souci de documenter par l’archive, les matériaux, les objets, les sites archéologiques, l’art et la pensée.

Dirigé par François-Xavier Fauvelle (professeur au Collège de France), historien et archéologue, et Anne Lafont (directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales), historienne de l’art, cet ouvrage réunit de grandes voix de la connaissance : Ana Lucia Araujo, Pascale Barthélémy, Jean Godefroy Bidima, Guillaume Blanc, François Bon, Marie-Laure Derat, Daniel Desormeaux, Souleymane Bachir Diagne, Sarah Fila-Bakabadio, Marian Nur Goni, Erika Nimis, Anne Ruderman et Joseph Tonda.