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Prostitution : voulue ou subie ?



Le musée Pierre-Noël accueillait samedi en fin d'après-midi quasiment autant d'avis différents sur la prostitution que de spectateurs ! Ce sujet tabou en France, légal en Allemagne, entre dans la thématique du corps, dans un festival géographiquement proche de la frontière allemande.

Julien Dufresne-Lamy, Emma Backer et Malika Amaouche. Ce qui relie ces trois personnes, c'est l’environnement de la prostitution. "907 fois Camille", livre de Julien Dufresne-Lamy évoque l’histoire de Camille qui a appris à l’âge de huit ans que son père était proxénète. Cette jeune fille a, avec sa mère, fuit son père et son « travail ». Avoir un tel père n’était pas son choix. Mais cette question du libre arbitre est au cœur de la vie d’Emma Baker. Elle a travaillé à la « maison » à Berlin et a écrit un livre pour « rendre humaine la réalité de la prostitution ». Elle voulait retranscrire ce qui n’est pas dit dans la littérature et les discours politiques sur la prostitution qui n’ont que le point de vue du client comme argument.

En vivant elle-même cette expérience, Emma a saisi les points positifs de cette pratique et a trouvé « une cellule familiale dans laquelle [elle] aimai[t] venir travailler ». L’origine de son choix réside dans l’aspect financier : « Le fantasme était de gagner mieux ma vie en travaillant moins », afin de consacrer son temps à l’écriture. A l’inverse, des femmes n’expriment pas le même ressenti face à la prostitution. Malika a obtenu un témoignage, dans son livre "Le bus des femmes", d’une femme qui aurait aimé s’en sortir.

« C’est du théâtre et non une mise à nu » d’après Emma. Les femmes jouent un rôle, se maquillent… C’est dans ce sens que la rejoint Julien. Le déguisement permet de se défaire du déterminisme : « On a tous des masques depuis notre naissance. Il faut aspirer à sa propre création ».

Mais alors, quelles solutions pour sortir de la prostitution ? Emma confirme que « si jamais un jour ça ne va pas, on pourra recommencer ». Une femme dans l’assemblée, infirmière, souligne que si les salaires des femmes étaient plus élevés, certaines de ses collègues n’auraient pas à compléter leurs revenus.