mirabelle

400 nuances de prunes !

Migrations. Des gens, des oiseaux, des poissons… et quelques autres espèces animales ou végétales migrent. Mais aviez-vous déjà pensé que la prune soit une grande voyageuse, au point de réaliser un véritable tour du monde ? Après s’être penchée sur le sujet, Marie Terps publie une biographie du sympathique fruit sucré aux Éditions TohuBohu dans la collection «Savoureux fruits». Présente samedi matin sur le Salon de la Gastronomie pour y donner une conférence, l’auteur, d’origine lorraine, avoue avoir choisi la prune, sachant que celle-ci allait la renvoyer vers sa madeleine de Proust, la mirabelle au parfum de miel. La mirabelle, dont le souvenir olfactif lui révèle des paysages verdoyants jalonnés de vergers. «Ce fruit a inspiré entre autres Colette, Barrès, il raconte les habitudes, les légendes, les migrations… Il faut savoir que l’on ne le trouve actuellement nulle part à l’état sauvage !». Selon les spécialistes, il s’agirait d’un lointain croisement entre le prunellier et le prunier mirobolant. Les Étrusques seraient les premiers à en avoir cultivé quelques essences connues alors par les Romains comme prunes violettes de Damas. Au fil des tribulations de la prune, la voici qui arrive jusqu'à la cour du roi François 1er. Ronde et verte, elle prend le nom de Reine-Claude en hommage à l’épouse du souverain. Et vaille que roule, en voilà une nouvelle déclinaison violette dédiée cette fois à Monsieur, frère chez Louis XIV. Passe le temps, en 1775, la prune se retrouve en Allemagne et devient quetsche ! Mais la mirabelle dans tout cela ? Marie Treps l’en a gardé l’histoire pour la bonne bouche. L’emblématique fruit lorrain est trouvé mentionné dans des écrits datant de 1628 en Catalogne ! Le bon roi René 1er à leur tête ? Les croisés l’auraient rapporté d'on ne sait trop où pour l’implanter du côté de Méribel en Provence ! Tout s’explique ou presque, car ici, au Japon où on l’honore au printemps fleuri sous le nom d’hanami, en Chine ou ailleurs, la prune continue sa longue route en 400 variétés ! Linguiste et sémiologue, Marie Treps, qui a travaillé au CNRS pour le Trésor de la langue française, se régale aussi des nombreuses expressions à base de prune. Dans une toute autre façon de se délecter, elle réalisera une démonstration culinaire ce dimanche à 13 h en compagnie de la Déodatienne Roguiyata Dem : « Le chevalier d’Éon», un dessert n’en doutons pas garni de prunes !

 

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