TT ok8

Le féminisme fait débat



Au Cinéma Empire s’est tenue une rencontre animée par plusieurs femmes profondément féministes. Le public, mixte, a vite cédé à la tentation d’intervenir et d’exprimer son idée. Les émotions étaient au cœur du débat, comme le montrent les propos d’une femme de l’assistance : « Je tremble dès que l’on aborde ces thèmes, le corps est impacté ».

 

Féminisme(s). Un simple mot peut engendrer bien des débats. Multiple, le féminisme est la revendication d’une égalité entre hommes et femmes. Ces dernières doivent être libres d’agir selon leur volonté et de ne pas se restreindre à une place qui leur a été attribuée.

Cette pluralité au sein du mouvement est perceptible chez les intervenantes. Alors que Leïla Sebbar met en avant son idée de la femme qui «tient la maison debout», Mélina Gazsi évoque une reconnaissance certaine envers les hommes. Ses frères l’ont aidée en ramenant de l’argent afin qu’elle puisse passer son concours en journalisme à La Réunion. Une dette dont elle s’estime redevable. Clémence Mary, quant à elle, a vécu sans homme dans le domicile familial pendant une vingtaine d’années. Elle exemplifie sa vision de la répartition des tâches ménagères par son vécu. A l’âge de 22 ans, en train de laver son linge dans l’appartement qu’elle partage avec son compagnon, une amie de sa mère lui conseille de faire de même pour le linge de son copain. «Si tu ne laves que le tien, il ne va pas te garder». Ce à quoi la jeune Clémence a répliqué : «Je ne suis pas à garder, je ne suis pas une chèvre».

Ces visions nuancées du féminisme ont été flagrantes lors de l’intervention du public. Une spectatrice s’est indignée de la pression psychologique que les femmes subissent avec la contraception. D’après ses propos, elle n’a pu trouver de préservatif féminin le jour même dans une pharmacie de la ville pour cause de rupture de stock. Elle regrette que les conditions des femmes de France n’aient pas été évoquées aux côtés de femmes victimes de violences dans d’autres pays. Dans une autre optique, un jeune homme souligne que «la fraternité entre hommes et femmes est la clé du combat féministe aujourd’hui». Il regrette ces oppositions entre femmes et hommes qui ne contribuent pas à la lutte contre les inégalités de genre. Une festivalières en profite pour évoquer son désaccord avec Leïla Sebbar au sujet de la femme pilier du foyer. Elle a rendu sa thèse deux jours plus tôt et affirme que les années précédentes «ce n’est pas [elle] qui [a] tenu la maison debout, mais [son] compagnon».

Que les oppositions portent sur les hashtags #MeeToo et #BalanceTonPorc ou sur les abréviations « Mme » ou « Mlle », le Festival a démontré sa capacité à susciter le débat des idées. En espérant que le féminisme en sorte grandi…