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Corps et géographie, deux notions qui s’accordent



Si les liens qui unissent la notion «corps», thème de cette 32e édition du Festival, et la géographie ne sont pas évidents à percevoir au premier abord, ils sont pourtant bien réels. Preuve en a été faite lors de la conférence introduite par Marion Tillous, ce vendredi matin au cinéma l’Empire.

 

Lorsqu’a été choisi le thème de la 32e édition du Festival International de Géographie, l’association entre le corps et la géographie ne sautait pas aux yeux. Pourtant, l’étude de la question n’est pas récente, comme l’a expliqué, lors de la conférence «Le corps en géographie», Marion Tillous, directrice scientifique du festival après avoir laissé Thibaut Sardier, président de l’ADFIG, ouvrir la séance. Elle a même fait l’objet d’études critiques, notamment lorsque l’affaire Samuel Paty, le professeur assassiné par un terroriste, a fait la Une des informations nationales. A ce sujet, de nombreuses attaques ad hominem et ad feminam ont surgi, avec parfois la mise en avant de termes forts tels que l’islamo-gauchisme.


Des propos introductifs qui ont été confirmés par les interventions de Marianne Blidon, géographe, MCF HDR Paris 1 Panthéon Sorbonne, et de Djemila Zeneidi, géographe, directrice de recherche au CNRS, Passages/Université Bordeaux Montaigne.

Du sans-domicile fixe au gay : une preuve de la pluralité des corps

S’appuyant sur différentes lectures, Marianne Blidon a notamment prouvé que le corps permettait d’interroger la dimension de notre rapport au monde. Et que le questionner, entre autres, sous sa dimension phénoménologique, matérielle, ou biologique, était primordial. Un travail d’abord mené dans les pays anglophones, pionniers en la matière, avant d’être repris par les géographes féministes en Europe, véritables promotrices de la cause.

Parmi les personnes qui ont traité le sujet, Djemila Zeneidi s’est penchée, outre sur les sujets des squatteurs ou des ouvrières agricoles marocaines travaillant en Espagne, sur l’évolution de la figure du sans domicile fixe, lors de sa thèse à la fin des années 1990. Omniprésent dans les médias en étant considéré comme un «clochard», l’individu ne possédant pas de pied-à-terre a peu à peu été l’incarnation de la crise économique qui sévissait en France. Les SDF font parfois l’objet de réticences de la part des villes avec la création de no-go areas limitant leurs utilisations des espaces.

Marianne Blidon a, quant à elle, étudié les pratiques socio-spatiales gays et lesbiennes. Notamment dans le quartier du Marais, à Paris, où les écrits tendant à faire croire à une ghettoïsation de cet endroit se sont révélées erronés. En réalité, si les individus occupent librement l’espace, il est difficile, exception faite de la visibilité par le couple, de déterminer la sexualité de chacune et chacun.

En conclusion, si le corps est une notion souvent étudiée, il n’en reste pas moins que connaître les façons de la questionner reste complexe.